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Claude Robin docteur en Théologie Curé de St Pierre de Chenehutte de 1746 à 1750

Photo @AD49

La seule représentation de Claude Robin « curé de Chenehutte les Tuffeaux » dont nous disposons est sur le décor d’une assiette de Nevers.

(Article Echo Saumurois 11 Janvier 1885)

M.A. Bouchard, vient de trouver un plat en faïence de Nevers, ayant 23 centimètres de diamètre. Sur le fond est représenté, debout, tenant dans sa main droite une plume et dans la gauche un manuscrit, M. CLAUDE ROBIN, ce curé de populaire et satirique mémoire, qui occupait la cure de Saint Pierre d’Angers au moment de la Révolution.

Ce curé de Chenehutte a fait l’objet de plusieurs publications (V. GODARD FÀULTRIER 1851/ Anjou historique Octobre 1939 /Abbé Colas 1918 1937) dont j’emprunte des fragments et j’ai ajouté quelques éléments d’archives que j’ai pu trouver (Jean-Claude Boucher).

  1. Origine

Claude Robin naquit en 1715, à Saint-Florent-le Vieil, Son père était marchand de fer. Il fit ses études au collège de Beaupreau. Ses humanités terminées, il entra dans les ordres ; On le trouve successivement vicaire à Saint-Florent- le-Vieil (1738-1740) où il ils découvrit à l’aide de bénédictins, la grotte de saint Mauron, premier abbé du lieu, vicaire à Saint-Pierre de Saumur (1740 1743), vicaire à Rochefort-sur-Loire (1743-1746)

En 1745 il est reçu docteur en Théologie

  1. 1746 à 1750 Curé de St Pierre de Chenehutte

En 1746 il fut appelé à la cure de Chenehutte proche de ce qui était nommé « un camp romain »

Il ne cessa pas de faire des recherches durant les années qu’il passa dans sa cure de Chenehutte, ce qui ne l’empêcha point de soutenir et de gagner de nombreux procès qu’il eut soit avec les moines de Saint Florent, soit avec le curé des Tuffeaux, relativement à des droits et délimitations de sa paroisse ;

Il parle avec complaisance des pièces romaines que l’on découvrait près de sa cure. « J’en ai conservé longtemps, écrit-il, une en or avec cette inscription d’un côté : Claudius Caesar Germanicus, et au revers : Ara pacis.

En 1748 il fait ériger une croix dans un « grand fresche vis-à-vis de la Pistolerie » qui se situerait derrière l’actuel bois du Prieuré et il déclenche un conflit avec les moines du Prieuré qui               revendiquent la possession du terrain ; c’est ce même Christ qui est aujourd’hui en place rue du comte de Castellane

Il s’occupe de l’église et fait ajouter un tabernacle puis veille à la restauration en ardoise de la toiture en 1749 ; à son retour de Pèlerinage il fait le Chœur « à la Romaine » plus différents travaux dans la sacristie.

  1. Pèlerinage à Rome

Robin était encore curé de Chenehutte lorsqu’il entre prit son voyage à Rome ; il part le 15 juin 1750 et est de retour en Octobre ayant été absent trois mois et 20 jours.

Il en rapporte des reliques de Saints Félicien Dieudonné Candice et Sainte Innocente

Nous avons retrouvé dans les registres de Distré en date du 28/08/1751 la concession à cette paroisse des reliques de Saint Candice dont nous rapportons quelques extraits

«  en conséquence du procès-verbal de vérification des reliques au-dessus mentionnées, dressé par l’illustrissime et révérentissime Evêque d’Angers … et encore en vertu de la concession desdites reliques de Saint Candide martyr faite par le très sage Maitre Claude Robin curé de Chênehutte et chanoine de l’église collégiale de Saint Maurille d’Angers, … pour être exposé dans la paroisse de Distré  à la vénération des fidèles conformément à l’intention de sa sainteté Benoit quatorze et suivant les pouvoirs accordé audit sieur Robin… »

Selon V. GODARD FÀULTRIER et d’après divers documents de famille, Robin aurait fait le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle avant de se rendre à Rome ; il était connu que son bâton de pèlerin restait toujours déposé dans l’église de Saint-Pierre après qu’il fut nommé curé de cette église

  1. A partir de 1750 curé de Saint Pierre d’Angers

Vers 1750, nous trouvons Claude Robin à la collégiale de Saint Maurille d’Angers, qu’il paraît avoir échangée l’année suivante contre la cure de Saint Pierre d’Angers la plus ancienne de l’Anjou et le siège primitif de nos évêques, elle avait encore le privilège d’avoir des droits ecclésiastiques sur Empiré, village situé au beau milieu du camp de César. Installé désormais curé de Saint-Pierre, il y passera les quarante dernières années de son ministère, entre la prière, l’étude sans oublier quelques procès à propos de tout et de rien.     L’église St Pierre se trouvait sous l’actuel Théâtre d’Angers (les angevins connaissent d’ailleurs la rue Chaussée St Pierre qui rappelle cette église).

Les petites gens, comme on disait alors, l’adoraient, tandis que les personnes de condition l’aimaient peu et le tournaient en ridicule, quand surtout à la procession du Sacre ils apercevaient dans les rangs le curé de Saint-Pierre, premier curé cardinal de la ville d’Angers, docteur en théologie, ancien recteur de l’Université, tout affublé de pied en cap de son grand costume de pèlerin.

 

5. Ses écrits

    1. Recherches sur le Chatelier de Chenehutte

Mais de la Sauvagère revendique la découverte du camp et intente un procès que Robin gagne.

        b. L’Ami des peuples ou Mémoire intéressant pour l’Eglise et pour l’Etat.

Adressé à Mgr l’évêque d’Angers Jacques de Grasse, en l’année 1760 Ce livre de 58 pages, pleine d’excellentes vues à l’endroit de certaines réformes ecclésiastiques ; quelques lignes y sont assurément prophétiques trente années avant la Révolution.

       c. Le camp de César, au village d’Empiré, paroisse de Saint-Pierre d’Angers, ou dissertation sur l’antiquité de l’église de Saint Pierre etc…

Disponible à la BNF COTE bpt6k6512121t

 

Quelques pages évoquent l’église St Pierre de Chenehutte page 21 à 23

Et plus loin page 89 il évoque la trouvaille d’un morceau de bois pétrifié trouvé à Chenehutte qu’il conserva et qu’il jugea être une preuve de la « vérité du Déluge »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        d. Le Mont-Glonne ou Recherches historiques sur l’origine des Celles Angevins, Aquitains, Armoriques et sur la retraite du premier solitaire des Gaules au Mont Glonne de nul diocèse, sur les confins d’Anjou, d’Aquitaine et de Bretagne. 2 vol. Paris, Valade, 1774.

       e. En 1776, nouvelle brochure : Oratio pastoralis habita in synodo Andegavensi anno 1750. (Ses sentiments, en matière de foi, se rencontrent dans son oraison synodale, par lui prononcée au synode de 1750 à Angers) Le Pape Pie VI, à qui l’ouvrage est envoyé, répond en mars 1777 par une lettre de félicitations, qui rassérène l’auteur.

       f. En 1782, M. Robin fait imprimer à Angers, chez Marne, un ouvrage intitulé : Ovidianum, avec l’origine, la fondation, l’exemption et la description de Saint-Florent-le-Vieil au Mont Glonne

En fait partie une autobiographie en alexandrin de l’auteur lui -même.

 

6. La révolution

M. Robin refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Interné au Séminaire (rue du Musée), le 13 août 1792, M. Robin resta en prison au Séminaire jusqu’au 30 novembre 1792. Les Vendéens le délivrent le 17 juin 1793, mais il est obligé de rentrer en prison après leur départ pour Nantes. Le 29 novembre, il est conduit au château de Montjean, et de là à Nantes, où Carrier le fit noyer dans la nuit du 9 au 10 décembre 1793, en même temps que 56 autres prêtres angevins.

Un article de l’Anjou historique en date de mars avril 1912 ((source BNF COTE bpt6k9743611d)

Décrit cette « noyade » après avoir nommément cité les 57 religieux dont « Robin, curé de Saint-Pierre d’Angers, « 

Restait à supprimer les 57 prêtres (1), simple formalité qui s’exécuta le 9 décembre. Ce jour-là, vers onze heures du matin, Affilé terminait ses préparatifs. Assisté du batelier Pierre Robert, il rangea la gabare vis-à-vis la cale Chaurrand ; les ouvriers disposèrent des planches au fond du bateau, afin de dissimuler les soupapes et, la nuit venue, vers dix heures du soir, les mariniers qui gardaient la gabare virent arriver Affilé et ses hommes conduisant les victimes « attachées deux à deux. » On les entassa sur le bateau, qui fut fermé et poussé au large : Affilé, avec neuf mariniers et les noyeurs Fouquet, O’Sullivan, Foucaud, ainsi que Gauthier, de la compagnie Marat, suivaient, montés sur deux barges, afin de diriger la manœuvre. Dans la nuit opaque, les petites embarcations faisant escorte à la grande descendirent silencieusement le courant du fleuve.

Ce fut très long, car on navigua jusqu’à Indret, qui est à deux lieues de Nantes. Là seulement les soupapes de la gabare furent ouvertes : elle s’alourdit, enfonça, et, sans qu’on entendît un cri, disparu.

Événement qui n’est plus d’un genre nouveau », écrivait le lendemain à la Convention Carrier qui, poursuivant sa plaisanterie, ajoutait à propos des prêtres angevins : « Enfermés dans un bateau sur la Loire, la nuit dernière, ils ont été engloutis dans la rivière. Quel torrent révolutionnaire que la Loire ! » Comme trois jours auparavant, il avait formellement prophétisé ce naufrage, il aurait fallu, au Comité de Salut public, une invraisemblable dose de naïveté ou d’inattention pour porter cette seconde noyade au compte d’un accident. D’ailleurs, à Paris, personne ne ‘s’y trompa et la lettre, lue à l’Assemblée, fut accueillie par d’« immortels applaudissements.

De cet extrait de son autobiographie (en vers) on peut conclure que ses derniers souhaits n’auront pas été respectés.

          Quand le dernier sommeil, en fermant ma paupière,

          M’aura donc pour toujours dérobé la lumière,

          En Empiré je veux que mon corps transporté

          Soit du peuple sans pompe et du pauvre escorté

 

          Ma tombe en ce lieu-là quelquefois rencontrée

          Au passant apprendra mon histoire ignorée.

          Il y lira : « Ci-gît Robin, qui fut auteur,

          Et chanoine et curé, pèlerin et docteur.

 

7. Conclusion

Claude Robin prêtre, sera toute sa vie, passionné d’histoire et d’archéologie. Il sera resté fidèle dans ses recherches et ses textes à trois paroisses

  • St Pierre de Chenehutte où il fut remplacé par un de ses parents
  • St Florent le Vieil et le Mont Glonne, sa paroisse d’origine
  • Enfin St Pierre d’Angers qui lui conféra le titre de « premier curé cardinal de la ville d’Angers » et dont dépendait Empiré et son camp romain

Jean-Claude Boucher