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Chroniques de St Pierre de Chenehutte au 18eme siècle

Nous connaissons cette église au travers de ses ruines qui servent de murs séparateurs entre le cimetière et le domaine du Prieuré. Elle fut l’église du prieuré installé là depuis le 6e siècle puis en même temps l’église paroissiale jusqu’aux années qui ont suivi la Révolution Française. Elle était desservie à la fois par les moines du Prieuré et le curé de la paroisse, avec quelques contestations portant principalement sur les limites territoriales.

Nous nous contenterons ici de rappeler quelques chroniques du dernier siècle de l’utilisation de cet édifice ; nous citerons les Curés dont certains ont marqué l’histoire locale

  • En 1717 Louis Boutin remplace Mr Molnyer et prend part à l’amélioration de l’église et dès le 30e jour de Novembre 1722 a été bénie la grosse cloche de cette église avec la permission donnée par Mr Babin 

  • grand vicaire de Mr d’Angers,
    le parrain étant Mr Leboeuf procureur du grenier à sel de Saumur et seigneur de Launay
  • Deux curés se succédèrent rapidement Mr Loussier puis Mr Salmon de la Gilberderie (propriétaire de la maison du même nom à la Mimerolle) et il faut attendre 1734 pour que soit nommé Pierre Lepoudré. Et nous assistons au baptême d’une seconde cloche et nous reproduisons le texte du registre paroissial

Le vingt avril 1744, nous soussigné prêtre chapelain de l’église paroissiale de Saint Pierre de Saumur avons fait la bénédiction de la seconde cloche de l’église paroissiale de Saint Pierre de Chenehutte qui a été nommée Nicole Jeanne Charlotte par moy Gistreau ancien officier du Roy et dame Jeanne Charlotte le Bœuf épouse de maitre Nicolas Phelippeau avocat au parlement et conseiller au grenier à sel de Saumur et présence des soussignés (dont Dutier Curé des Tuffeaux Le Poudré curé de Chenehutte )

  • Puis le 5 décembre 1746 arrive Claude Robin, personnage dont la vie méritera un récit plus complet. Rappelons ici qu’il était docteur en théologie depuis une année. Il tient son rôle à cœur et n’hésite pas à se lancer dans des procès avec les pères du Prieuré à propos de la localisation de la Croix de la Pistolerie dont les moines revendiquent la propriété puis avec le curé des Tuffeaux voulant prendre possession d’une maison construite par un meunier de Chenehutte. En 1750 il réalise un projet important pour lui et le 15 juin il part pour Rome. Ce périple dure un peu plus de 3 mois et il en revient avec les reliques 4 saints Martyrs : St Félicien, St Dieudonné. St Candide et Ste Innocence (nous avons retrouvé dans les registres paroissiaux de Distré Le vingt huitième jour du mois d’aout 1751 en conséquence de la concession des reliques de Saint Candide martyr faite à très sage Maitre Claude Robin docteur en Théologie par son éminence Jean Antoine le vicaire de Notre Saint Père le Pape Benoit Quatorze)

 

  • A son retour il fait faire le cœur de l’église « à la romaine » puis est nommé à Angers en 1751 il sera remplacé dans la paroisse St Pierre de Chenehutte par Mr François Renault un parent à lui. Sous le sacerdoce de Mr Renault, l’état de l’église sapée par les travaux souterrains d’exploitation du tuffeau se détériore et doit être soutenue par des piliers en 1763 ; des travaux sont financés par les moines de St Florent et le curé en atteste la réalisation dans les registres

« Nous curé syndic et autres habitants de la paroisse de Chenehutte certifions que les Messieurs Bénédictins de Saint Florent ont fait les réparations du chœur et du cloché et qu’ils ont fournis d’ornements donnés à Chenehutte le vingt-troisième jour d’avril 1765 » Signé Renault curé dudit Chenehutte

  • La deuxième cloche qui a dû être endommagée lors de ces dérangements est refaite puis baptisée
    • « Le vingt-troisième jour de May 1771 nous soussigné prêtre Curé de Saint Hilaire l’abbaye avons fait la bénédiction de la seconde cloche paroissiale de Saint Pierre de Chenehutte qui a été nommée Perrine par Messire Michel Mathieu marchand officier du Roy et dame Perrine Phelippeau épouse de messire Etienne Saillant d’Epinatz conseiller assesseur au siège de la Sénéchaussée de Saumur en présence des soussignés

 

  • C’est donc la fragilisation de l’église qui lui valut de n’être plus utilisée à partir de 1782 ainsi que l’exploitation du tuffeau dans la carrière des Maillets (elle se situait derrière l’actuelle boulangerie en 2025) ; la fin de la Révolution française lui a redonné un peu d’usage lorsque la religion fut à nouveau autorisée ,l’église des Tuffeaux étant à ce moment occupée par les matériels et espars des mariniers puis plus tard lors des travaux d’agrandissement de l’église Notre Dame de la Prée des Tuffeaux.

 

  • Pour conclure parlons des destins des derniers curés de la paroisse : nous avons retrouvé le nom de Claude Robin dans un article ANJOU HISTORIQUE 1er MARS 1912 dont le titre est 57 Prêtres Angevins noyés à Nantes le 10 décembre 1793. ; quant à Guillaume Péan qui a succédé au Curé Renault dernier Curé de Saint Pierre de Chenehutte, dénoncé ,  Il fit partie de la colonne des 1200 captifs, que par crainte des vendéens qui approchaient , on dirigea sur Paris et dont à chaque étape, on en fusillait une douzaine. Monsieur Péan, arrivé à Blois ou à Amboise, fut exécuté de bon matin avec monsieur Martin Duchesnay, curé de Saint Pierre de Saumur, et six de ses confrères. Séquestrés à dessein, la veille, dans une salle basse de l’auberge avec « de la paille fraiche », selon l’ordre cynique du féroce gamin Lepetit. C’était le 16 frimaire an II (5 décembre 1793)

De l’église il ne reste que des murs faits en petit appareil et incluant en grand nombre des réemplois de sarcophages en pierre coquillère de Doué. Une étude pétrographique a été menée dans ce sens en 2023

Auteur Jean-Claude Boucher

Sources : notices de l’abbé Colas, Archives départementales, BNF ; dictionnaire historique de Célestin Port, Notice du Colonel Picard (1912) rapport archéologique 2023