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AMENAGEMENT DES PORTS A CHENEHUTTE LES TUFFEAUX, TREVES ET CUNAULT PUIS ENSABLEMENT DE LA LOIRE A LA FIN DU 19eme SIECLE

1. Situation des ports à Chenehutte les Tuffeaux en 1835
Le cadastre de 1835 nous indique « le port de la cure de Chenehutte » (face à la mairie déléguée en 2025) ainsi que « le port de l’église » en face l’église notre dame de la prée des Tuffeaux ; plus loin une zone non cadastrée correspond à ce qui deviendra le port du carrefour récemment appelée « la grande cale ». En direction de la Mimerolle la seule mention « port » fait face au chemin qui descend du petit puy.
En direction de Tréves, à Saint Jean où il y avait des carrières de tuffeaux il n’y a pas mention de port mais on lit deux parcelles désignée « place à tuffeau » puis aucune mention de port à Préban. Ces ports étaient d’un intérêt fondamental pour l’exportation du tuffeau ce qui va conduire l’Etat à
aménager et créer ces ports ou cales. La cale de la « cure de Chênehutte » devait servir à embarquer les productions de l’importante carrière dite des Maillets dont l’activité a été interrompue vers 1780 car l’exploitation intensive avait créé des effondrements au niveau de l’église St Pierre de Chenehutte.

Les Tuffeaux « port de l’église » Sur cette carte postée en 1908 on distingue la grande cale devant l’église (avec une pente de 10pour cent), l’escalier de service au droit du clocher et sur la gauche des quais (privés) devant lequel une gabare

2. Travaux d’aménagement des ports de Chenehutte les Tuffeaux

a. La grande cale ou port du Carrefour (située à proximité du pont sur le Ru d’enfer.)

L’aménagement du port est évoqué en 1871 dans les rapports du Conseil Général. La même année on note que « vue la situation de la commune de Chenehutte-les-Tuffeaux, elle est hors d’état de payer sa part contributive pour la création d’une cale qui lui serait très nécessaire ». Ainsi le 26 août 1872, le Conseil général alloue à la commune de Chenehutte-les-Tuffeaux une subvention de 500 Fr., sur les fonds départementaux pour l’aider dans les frais d’amélioration de son port dit du Carrefour, sur la Loire.

Les décisions s’éternisent. En 1876 le conseil général donne pour argument que « la rectification de la route départementale n° 14, dans la traverse du bourg, ayant eu pour résultat de rendre plus difficile l’accès des ports de la commune » l’état prend en charge la plus grande partie des travaux (2000 francs, le département 500fr et la commune 500fr).

b. Etablissement d’une rampe aux Tuffeaux

(Il s’agit probablement de la troisième cale en direction de la Mimerolle car le Port de l’église existe déjà en 1835)

En 1882 le projet comprend une rampe d’accès et une cale et est chiffré à 4200fr et le conseil municipal se déclare incapable de contribuer à ces travaux ayant en chantier l’école des filles.

Établissement d’une cale d’embarquement et de débarquement aux Tuffeaux. — Un second crédit de 2,043fr a été ouvert et les travaux sont terminés en 1884.

Chenehutte « port du carrefour » ou grande cale : sur cette vue aérienne postée en 1978 on distingue le port composé d’une rampe venant de la route (dont la pente est des 10pour cent) donnant sur un plateau desservant deux cales dont la pente est plus importante

3. Ce qui subsiste au 21e siècle à Chenehutte-les-Tuffeaux

  1. Au niveau de l’église Notre Dame de la prée des Tuffeaux une belle rampe avec ses anneaux (à noter que le talus de renforcement de la route a été ajouté dans les années 1960 ou 1970 car auparavant le mur vertical retenait la route). Un peu à droite un bel escalier en pierre pour piétons et au-delà un alignement de quais qui sont des espaces privés.
  2. La grande cale à proximité du confluent avec le ru d’enfer, présente une pente d’accès, une plateforme et deux rampes amont et aval.
  3. En direction de la Mimerolle la troisième cale, moins connue, présente une plateforme et une rampe vers le fleuve.

 

4. Article de Philippe Cayla (2001) et ports de Tréves et de Cunault

Philippe Cayla (« Les ports monuments de la marine de Loire ») a décrit l’évolution des ports de Loire et leur adaptation à leurs usages : pouvoir accueillir correctement les bateaux de transport d’une part et faciliter l’accès des charrois lourdement chargées de tuffeau d’autre part. C’est ainsi que les cales anciennes présentant une pente de 20° favorable à l’accès des bateaux ne l’étaient pas au roulage coté terre ; Philippe Cayla cite deux ports de notre commune.

  1. Le port de Tréves « port élémentaire du 18e siècle représenté par la « cale-abreuvoir » au pied de la Tour, qui parallèle à la route plonge au plus court avec une pente de 20° facilitant l’accès quel que soit le niveau d’eau mais impropre à une circulation aisée » Cette rampe étroite est toujours visible en 2025.
  2. Le remarquable port de Cunault avec son « perré d’accostage » à 30° desservi par des rampes d’accès à pente douce de 10 pour cent. A ce sujet l’écho Saumurois du 24 Août 1869 nous indique « Construction d’un port sur la rive gauche de la Loire, à Cunault. Le projet, dont la dépense est évaluée à 10,500 Fr. Consiste dans rétablissement d’une cale munie de deux rampes communiquant avec la route départementale n-14, el de deux autres rampes reliant celle cale à la gare. L’Etat supporte la moitié de la dépense, el le surplus se partage entre le département et la commune. » 
Port de Cunault vue aérienne récente on distingue bien les 2 rampes larges avec la cale sur un deuxième niveau qui dessert 2 rampes vers la Loire. @cayla_2001

5. Ensablement du fleuve

D’après les comptes rendus des réunions du conseil général/

  • En 1891 A certaines époques de l’année le chenal est tellement encombré ou rétréci que la navigation devient impossible. M. le Rapporteur a signalé ce qui se passe à Trèves-Cunault et aux Tuffeaux
  • En 1892 les ports de Chenehutte sont d’un accès presque impraticable pour les bateliers qui chargent les tuffeaux, et que d’autre part, les « eaux, sont fort basses, demande à l’unanimité que l’on a procède au dragage des ports de Chenehutte-les-Tuffeaux
  • En 1897 on lit les précisions « Les ports, dit-il, desservent onze carrières d’où sont extraits annuellement 44,000 tuffeaux, dont le prix de vente atteint 132,000 Fr., les matériaux sont transportés pour la majeure partie par bateaux. Cette industrie occupe une « centaine d’ouvriers tant carriers que mariniers ; le transport chôme une partie de l’année à cause de l’insuffisance « de tirant d’eau dans le bras de Chenehutte-les-Tuffeaux et Trèves-Cunault. Décision est prise de procéder à des chevalages devant les ports dont il s’agit, et qu’on utilisera à cet effet des chevaleuses à cabestan montées sur des bateaux. »

6. Conclusion

En guise de conclusion on peut citer un éditorial inséré dans l’Echos Saumurois du 18 Février 1922 titré « Grandeur et Décadence ! » et dont on ne retiendra que la conclusion que l’on resituera dans le contexte historique de l’après-guerre. L’auteur se range du côté des « canalistes » qui souhaitaient canaliser la Loire ainsi que le Thouet et une partie de la Dive.

…C’était bien le bon temps, disent avec mélancolie les vieux mariniers qui, par habitude, vont encore, la pipe aux dents, inspecter la berge déserte, l’horizon et les vents. Leurs yeux affaiblis cherchent en vain les mâts qui, naguère, pointaient fièrement vers le ciel, ou la rotondité d’une voile blanche gonflée par le zéphir de galerne. Autre temps, autre Loire, dirais-je, car notre joli fleuve aux flots argentés a suivi l’évolution contemporaine ; il se met en grève plus que jamais. Grandeur et décadence ! Voilà, braves mariniers de Chênehutte les-Tuffeaux, de Cunault et de Gennes, la maxime appropriée à votre amère désillusion. Mais ne vous désolez pas, prenez patience. Lorsque les Boches seront contraints de payer intégralement leurs dettes… et Dieu sait quand ? Alors, mais alors seulement, il vous sera permis d’espérer le projet qui vous tient tant au cœur, d’un canal latéral à votre chère Loire. (Signé LA PIOTRE)